Tanzanie
Malaria Facts
Données factuelles concernant le paludisme
L’ensemble de la population de la Tanzanie continentale est considéré comme étant exposé au risque de paludisme, même si la transmission varie considérablement d’une région à l’autre voire au sein d’une même région. 93 % de la population de Tanzanie continentale vit dans des zones de transmission du paludisme.
Le pays connaît trois saisons de transmission du paludisme [1] :
- Transmission pérenne stable : 60 % du pays ;
- Transmission stable du paludisme (avec variation saisonnière) : dans 20 % du pays ;
- Transmission saisonnière instable du paludisme : 20 % du pays
La Tanzanie fait partie des dix pays où le nombre de cas de paludisme et de décès est le plus élevé, représentant 3 % des cas et 4,1 % des décès dans le monde en 2020. La même année, le pays représentait également 12,8 % des cas de paludisme en Afrique orientale et australe.[2] Entre 2017 et 2020, le nombre de cas a diminué de 2,8 %, passant de 124 à 120 pour 1 000 habitants à risque. Cependant, les décès ont augmenté de 4.8 % (passant de 0,41 à 0,43 pour 1 000 habitants à risque) au cours de la même période. [2]
Le Plasmodium falciparum est responsable de 96 % des infections palustres en Tanzanie, tandis que les 4 % restants sont attribuables aux parasites P. malariae et P. ovale. Les principaux vecteurs du paludisme en Tanzanie sont les moustiques du complexe Anopheles gambiae (An. gambiae s.s. et An. arabiensis) et An. funestus. [1]
En 2017, le taux de mortalité chez les moins de cinq ans s’élevait à 5 % tandis que la mortalité néonatale (moins de douze mois) était de 9 %. L’incidence des cas chez les moins de cinq ans était de 37 %. [3] La même année, la prévalence sur le continent variait selon les régions, allant de moins de 1 % dans les hauts plateaux d’Arusha à 15 % dans le Sud et à 24 % le long des zones lacustres et occidentales. [1]
Le Fonds mondial et la PMI assurent plus de 90 % du financement de la lutte contre le paludisme en Tanzanie continentale. Ce chiffre ne comprend pas les salaires du personnel qui sont payés par le gouvernement.[4] Parmi les autres donateurs du système de santé du pays, citons la Banque africaine de développement, l’Agence danoise de développement international (DANIDA), l’Agence japonaise de coopération internationale, l’UNICEF, le Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO) du Royaume-Uni, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des instituts de recherche [3]
Stratégie et couverture sanitaire universelle
Le pays s’est doté d’un plan stratégique national de lutte contre le paludisme (MNSP) pour la période 2020-2025. [1] L’objectif du MNSP est d’atteindre et de maintenir une couverture élevée du diagnostic parasitologique rapide du paludisme en s’assurant que des points de soins publics et privés sont disponibles, que des prestataires qualifiés s’y trouvent et que des services de dépistage de haute qualité sont disponibles. [1] Le plan prévoit également l’accès à des services de prise en charge des cas pour les personnes ayant un accès limité et se trouvant dans des zones reculées. [1]
Ces mesures seront complétées par des opérations de communication visant à modifier les comportements afin d’encourager les patients à solliciter un test de diagnostic de confirmation avant traitement, et les prestataires de soins de santé à agir en fonction des résultats des tests. [1] La Tanzanie s’est également engagée dans une réorganisation de ses services de santé afin de parvenir à une couverture sanitaire universelle (CSU). Cette initiative prévoit un remboursement réalisé par le biais d’un régime national d’assurance maladie unique qui constituera la composante essentielle du financement des établissements de santé. [1]
Prise en charge des cas
Les Directives nationales pour le diagnostic, le traitement et les thérapies préventives du paludisme (2020) recommandent la confirmation parasitologique par microscopie ou par un test de diagnostic rapide du paludisme (TDR) pour tous les patients suspectés de paludisme avant de débuter un traitement.
En 2013, le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) a révisé les directives nationales de diagnostic et de traitement pour y inclure l’artésunate injectable pour le traitement du paludisme grave. Les directives actuelles préconisent de transférer les patients atteints de paludisme grave des établissements de niveau inférieur vers le centre de santé le plus proche en mesure d'administrer de l'artésunate par voie intraveineuse après leur avoir administré une injection intramusculaire d’artésunate. L’artéméther intramusculaire peut être utilisé en tant que médicament de deuxième ligne si l’artésunate n’est pas disponible.[1]
Les établissements de niveau inférieur sont également autorisés à recourir à l’artésunate rectal avant transfert si les injections ne sont pas disponibles mais, dans la pratique, ce n’est pas le cas car l’artésunate rectal n’est fourni ni par le gouvernement tanzanien ni par ses partenaires.[1] Le PNLP a révisé les directives relatives au diagnostic et au traitement du paludisme afin d’inclure l’artésunate injectable comme traitement de choix pour le paludisme grave au cours du premier trimestre, comme le recommandent les directives de l’OMS. [1]
Prévention médicamenteuse
Le PNLP met en œuvre un traitement préventif intermittent pendant la grossesse (TPIg) à base de sulfadoxine-pyriméthamine (SP) pour toutes les femmes enceintes, à l’exception de celles qui vivent dans des districts où la transmission est très faible. [1] Entre 2015-2016 et 2017, la proportion de femmes ayant reçu au moins une dose de TPIg est passée de 69 % à 84 %, celles ayant reçu deux doses ou plus (TPIg2), de 35 % à 57 %, et celles ayant reçu au moins trois doses (TPIg3), de 8 % à 26 %. [1]
L’objectif stratégique est d’atteindre 95 % de femmes accédant au TPIg2 à grâce à une meilleure gestion de la chaîne d’approvisionnement de la SP, à l’administration du TPI lors de chaque consultation prénatale, au renforcement des capacités des prestataires de soins de santé à travers des formations et un encadrement et à l’amélioration de la fréquence de la participation aux consultations prénatales. En outre, les nouveaux programmes d’intervention du PNLP prévoient la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) et le traitement préventif intermittent chez les écoliers (TPIe) et chez les nourrissons (TPIn). L’efficacité et la faisabilité de ces interventions font actuellement l’objet d’une étude dans le cadre de recherches sur la mise en œuvre, ces mesures n’ont donc pas encore été adoptées par le programme.
Moustiquaires imprégnées d’insecticide
D’ambitieux programmes de distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII) ciblant les groupes biologiques vulnérables par le biais de programmes de marketing social et de bons de réduction ont commencé en 2004 et ont évolué au fil du temps pour devenir des campagnes de masse. L’approche stratégique actuelle de la distribution de moustiquaires défini par le PNLP 2020-2025 vise à la fois à rattraper les retards (campagnes de remplacement de masse) et à maintenir (par le biais de distributions ciblées, d’écoles et de cliniques de santé reproductive et infantile) les systèmes de distribution de moustiquaires, en s’appuyant également sur le secteur commercial. [3]
Le taux de possession de moustiquaires imprégnées d’insecticide a régulièrement augmenté en Tanzanie, atteignant un pic de 92 % des ménages possédant au moins une moustiquaire imprégnée d’insecticide en 2011-2012. Ce taux a ensuite chuté à 65 % en 2015-2016 – bien que cette enquête ait été réalisée avant une campagne de distribution de masse et que le taux ait augmenté à 78 % en 2017. [1] En 2017, 54 % des enfants et 51 % des femmes enceintes dormaient sous des moustiquaires, ces taux ayant baissé depuis 2011-2012 (alors respectivement de 73 % et 76 %). [1]
Traitement du paludisme2
|
Paludisme simple |
Paludisme grave |
Prévention pendant la grossesse (TPIg) |
Tanzanie continentale |
Artéméther-luméfantrine |
Artésunate inj. Artéméther inj. Quinine inj. |
Sulfadoxine-pyriméthamine |
Zanzibar |
Artésunate + amodiaquine |
AS; QN |
Sulfadoxine-pyriméthamine |
Avec sa stratégie nationale de lutte contre le paludisme, la Tanzanie vise à réduire le taux de létalité chez les patients admis pour cause de paludisme et de le faire passer de 3 % en 2012 à moins de 1 % en 2020.[2] En 2013, le Programme national de lutte contre le paludisme a révisé les directives nationales de diagnostic et de traitement pour y inclure l’artésunate injectable pour le traitement du paludisme grave.[2]
En 2013, le Programme national de lutte contre le paludisme a révisé les directives nationales de diagnostic et de traitement pour y inclure l’artésunate injectable pour le traitement du paludisme grave.[2] Les directives préconisent également de transférer les patients atteints de paludisme grave des établissements de niveau inférieur vers le centre de santé le plus proche. Une injection intramusculaire d’artésunate doit être administrée avant le transfert du patient.[2] L’artéméther ou la quinine intramusculaire peuvent servir de médicaments de deuxième ligne lorsque l’artésunate n’est pas disponible.[2] Lorsque l’artésunate injectable n’est pas disponible, les établissements de santé périphériques sont également autorisés à recourir aux suppositoires d’artésunate (ARC).[2] Ce n’est pas encore le cas actuellement car le gouvernement tanzanien et ses partenaires n’ont pas encore commencé à fournir de l’artésunate rectal.[2]
Besoins en produits de base :
- Pour 2021, les besoins sont estimés à 1,7 million de flacons d’artésunate injectable. [1] Un excédent de 1,9 million de flacons était disponible à partir de 2020. Un excédent de 1,2 million de flacons devrait être disponible fin 2021. [1]
- En 2021, 8 millions de traitements à la sulfadoxine-pyriméthamine (SP) devraient être nécessaires. [1] Le gouvernement de la Tanzanie s’est engagé à s’approvisionner en SP dans le cadre de ses investissements en santé maternelle et infantile.
Politiques et pratiques liées au paludisme grave
Recommandations | Traitements |
---|---|
Forte | Artésunate IV * |
Alternative | Quinine IV |
Recommandations | Pré-transfert |
---|---|
Niveau communautaire | Artésunate rectal |
Établissement de santé | Artésunate IM |
Alternative pour l’établissement de santé | Quinine IM |
Premier trimestre de la grossesse | |
---|---|
Recommandation | Traitement |
Forte | Quinine IV |