Burkina Faso
Le paludisme au Burkina Faso
Le paludisme est un problème de santé majeur au Burkina Faso. ll est endémique dans tout le pays, avec une poussée saisonnière de juin à octobre. Ce pic saisonnier varie dans les trois grandes zones géographiques du pays en raison de la durée variable de la saison des pluies : jusqu’à trois mois au nord, six mois au centre et neuf mois dans le sud.
Au niveau mondial, le Burkina Faso fait partie des dix pays les plus touchés par le paludisme (3,4 % des cas et 3,2 % des décès dans le monde en 2020).[1] Le paludisme est à l’origine de 43 % des consultations médicales et de 22 % des décès. En 2020, le pays représentait environ 7 % du nombre total de cas de paludisme en Afrique de l'Ouest. [1]
Le taux de mortalité a chuté de 17,3 % entre 2016 et 2019, passant de 0,87 à 0,72 pour 1 000 habitants à risque. Toutefois, 2020 a vu une augmentation significative du taux de mortalité, qui est passé à 0,96 pour 1 000 habitants à risque. On observe une tendance similaire dans le nombre de cas au cours de la même période, avec une baisse de 3,7 % entre 2016 et 2019 (de 402 à 387 pour 1 000 habitants à risque), suivie d’une hausse en 2020 pour atteindre 389,92 pour 1 000 habitants à risque. [1]
Pour réduire la charge du paludisme dans le pays, l'approche « D’une charge élevée à un fort impact » a été introduite dans le pays en novembre 2019.[1]
Le paludisme grave chez la femme enceinte et l'enfant
Le Burkina Faso fait partie des vingt pays où la prévalence du risque de paludisme durant la grossesse était de 30 % ou plus, tandis que l’anémie maternelle dépassait 40 % en 2018.[1] On estime que 50 % des enfants de moins de cinq ans souffraient également d’anémie modérée ou sévère en 2018.[1]
D'après les projections de la PMI pour 2021, 28 405 femmes enceintes et 289 557 enfants devraient être atteints de paludisme grave.[2]
Prise en charge des cas de paludisme grave
Le traitement du paludisme grave est administré à l'hôpital et au Centre de santé et de la promotion sociale (CSPS). Le Plan national de lutte contre le paludisme (PNLP) teste actuellement l’artésunate rectal de pré-transfert administré par les agents de santé communautaires aux enfants de moins de cinq ans, dans trois districts des régions du Nord et du Sahel, qui présentent le plus fort taux de mortalité due au paludisme.
Le traitement de première intention contre le paludisme grave dans les établissements de santé publics est l’artésunate injectable ; à défaut, de la quinine injectable peut être utilisée.
Le PNLP préconise l’administration d’artéméther intramusculaire dans les établissements de santé privés qui sont en mesure de fournir un traitement contre le paludisme grave.[2]
Le paludisme chez la femme enceinte et l'enfant
Le Burkina Faso a suivi les Recommandations de l'OMS concernant les soins prénatals et encourage l’administration du traitement préventif intermittent pour les femmes enceintes (TPIg) dès la 13e semaine de grossesse. L'administration relativement tardive des soins prénatals à la majorité des femmes enceintes continue d’entraver l’application des recommandations. Même si une proportion croissante de femmes sont examinées durant le premier trimestre de grossesse depuis 2015, seul un tiers des femmes sont examinées pendant cette période, ce qui réduit le nombre potentiel de contacts en vue d’une administration du TPIg au cours de la grossesse.
82 % des femmes enceintes ont reçu un traitement préventif intermittent de deux doses ou plus contre le paludisme (TPIg) en 2017-2018 (contre 48 % en 2014), tandis que 58 % d’entre elles ont reçu trois doses ou plus du TPIg en 2017-2018 (contre 22 % en 2014).[2]
En 2020, sur le nombre total d’enfants de moins de cinq ans qui auraient dus être transférés du niveau communautaire en raison de paludisme grave, seuls 10,24 % l’ont effectivement été. En 2019 et 2020, la prise en charge pré-transfert des cas était en phase pilote dans quatre districts de la région du Sahel et six districts de la région Centre-Nord. En 2021 et 2022, la phase pilote devait être étendue à 25 districts dans quatre autres régions (Boucle du Mouhoun, Centre-Est, Est et Nord). Le pourcentage attendu de cas graves de paludisme nécessitant une prise en charge pré-transfert est estimé à 47,39 % en 2021 et 2022. [2]
En 2023, la prise en charge pré-transfert sera étendue à tous les districts du pays, l’objectif étant de prendre en charge tous les enfants de moins de cinq ans atteints de paludisme grave au niveau communautaire grâce à une intervention pré-transfert. [2]
Chimioprévention du paludisme saisonnier
La stratégie nationale actuelle de chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) vise à cibler les zones géographiques et les groupes d’âge pertinents, et représente quatre ou cinq cycles de CPS pour les enfants âgés de 3 à 59 mois dans les 70 districts, conformément aux recommandations de l’OMS. [2]
En 2020, la PMI a soutenu la CPS dans 12 districts, soit environ 4,1 millions d’enfants de moins de cinq ans protégés et un taux de couverture administrative de 105 %, car l’initiative a permis de cibler plus d’enfants que ce qui était prévu initialement. Malgré la pandémie de COVID-19, la campagne de CPS s’est déroulée à temps dans tout le pays avec un minimum d’obstacles. [2] En 2022, la PMI, le Fonds mondial, le Malaria Consortium et l’UNICEF soutiendront les activités de CPS au Bénin. [2]
Prise en charge des cas au niveau communautaire
La formation et la supervision des agents de santé communautaires (ASC) pour la prise en charge des cas de paludisme font partie de la stratégie du PNLP visant à améliorer le diagnostic et le traitement du paludisme à l’échelle nationale. Le Burkina Faso compte deux agents de santé communautaires par village et jusqu’à quatre dans les villages de plus de 2 000 habitants.
La prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire est mise en œuvre dans les villages qui se trouvent à plus de cinq kilomètres du centre de soins le plus proche (soit 12 568 villages sur 17 668).
Santé : communication et promotion
Une Stratégie de communication nationale pour la période 2016-2020 a été finalisée en février 2017. Les objectifs de cette stratégie comprennent désormais la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS), le TPIg et l’administration en pré-transfert de suppositoires d’artésunate au niveau communautaire. [7] Cette stratégie s’appuiera sur des campagnes de communication de masse, des activités de promotion auprès des dirigeants communautaires, des échanges avec les agents de santé communautaires et le développement de nouveaux outils de communication pour favoriser le changement social et comportemental.
Financement du secteur de la santé
En janvier 2017, le pays disposait de trois mécanismes de financement :[5]
- des services de santé financés par l’État ;
- la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS) pour le secteur formel ;
- l’Assurance maladie communautaire pour le secteur informel.
Ces mécanismes seront à terme regroupés au sein d'un système de financement unique pour une plus grande efficacité.[5]
Le Burkina Faso table sur l’instauration d’une Couverture santé universelle (CSU) d’ici 2025.
Politiques et pratiques liées au paludisme grave
Recommandations | Traitements |
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Forte | Artésunate injectable |
Alternative | Artéméther intramusculaire (dans les établissements de santé privés en mesure de fournir un traitement contre le paludisme grave) |
Alternative | Quinine injectable |
*L’utilisation de l’artésunate injectable et de l’artéméther n’est pas recommandée pendant le premier trimestre de la grossesse.
Recommandations | Pré-transferts |
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(Projet pilote dans trois districts des régions du Nord et du Sahel, où la mortalité due au paludisme est la plus élevée) | Suppositoires d’artésunate pour les enfants de moins de cinq ans |
Recommandations | Prévention |
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Forte | Sulfadoxine-pyriméthamine (traitement préventif intermittent) |
Kits pour le paludisme grave
Des kits d’urgence pour le paludisme grave sont fournis gratuitement pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.
- ~200.000 kits de traitement (ne contenant pas de matériel diagnostique) sont fournis gratuitement chaque année
Contenu :
- Artésunate, artéméther ou quinine injectable
- Paracétamol injectable
- Diazépam
- Solution de glucose
- Cathéter Intranule
- Set de perfusion
- Seringue
- Gants
- Ruban adhésif
Les kits de traitement du paludisme grave ont contribué à réduire le taux mortalité liée au paludisme de 3,3% en 2011 à 1,2% en 2015.