Ghana
Données factuelles concernant le paludisme
Au Ghana, le paludisme est endémique et pérenne, avec des variations saisonnières prononcées dans la partie Nord du pays. La durée de la transmission du paludisme varie selon les régions géographiques et selon la durée de la saison sèche (décembre-mars) pendant laquelle la transmission est faible.
Il y a deux saisons des pluies distinctes dans le sud et le centre du pays, d’avril à juin et de septembre à novembre. Le Nord, cependant, est caractérisé par une saison des pluies qui commence en mai, culmine en août et dure jusqu’en septembre. Il y a une saison de transmission de six à sept mois que l’on retrouve dans une grande partie du Nord du pays et une saison de transmission plus courte de trois à quatre mois dans la partie supérieure du Nord, le plus grand nombre de cas se produisant entre juillet et novembre.
Dans le Sud du pays, la saison de transmission dure au moins neuf mois, avec un petit pic de mai à juin et un pic plus important d’octobre à novembre. Bien que l’ensemble de la population ghanéenne soit exposée au risque d’infection palustre, les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes courent un risque plus élevé de contracter la forme grave en raison d’une immunité affaiblie. [1]
Avec 2,1 % des cas de paludisme et 1,9 % des décès de cette même maladie dans le monde, le Ghana fait partie des 15 pays dans lesquels le paludisme est le plus répandu. Il représente 4,3 % des cas de paludisme en Afrique de l’Ouest. Entre 2017 et 2020, cependant, le Ghana a fait des progrès significatifs dans la lutte contre le paludisme, avec une baisse du nombre de cas de 19 % (de 201 à 163 cas pour 1 000 habitants à risque), bien que le nombre de décès soit resté stable, à 0,39 pour 1 000 habitants à risque au cours de la même période. [2] Pour réduire la charge du paludisme dans le pays, l’approche « D’une charge élevée à un fort impact » a été introduite au Ghana en novembre 2019.[1]
Prévention du paludisme
L’accès aux moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII) a augmenté régulièrement, passant de 30 % en 2008 à 67 % en 2019. Cependant, l’utilisation de ces moustiquaires n’a pas augmenté aussi rapidement (de 21 % en 2008 à 43 % en 2019). Le ratio utilisation/accès aux moustiquaires imprégnées d’insecticide se situe entre 0,4 et 0,6 dans la majeure partie du pays, avec des valeurs plus faibles dans les zones urbaines/périurbaines. Selon l’Enquête sur les indicateurs du paludisme (EIP) de 2019, le ratio utilisation/accès aux moustiquaires imprégnées d’insecticide est de 0,47 dans les zones urbaines et de 0,77 dans les zones rurales. Au cours de la campagne de masse de 2018, de nombreux habitants de zones urbaines ont refusé de s’inscrire ou n’ont pas récupéré leurs moustiquaires après leur inscription. Les raisons fréquemment citées étaient qu’ils ne sont pas en mesure d’accrocher des moustiquaires rectangulaires dans leur chambre et qu’ils préfèrent d’autres méthodes de lutte contre les moustiques (par ex. utilisation de sprays anti-moustiques). Cela a amené le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) à décider de réduire les moustiquaires imprégnées d’insecticide destinées aux zones urbaines pour la campagne de masse de 2021. [1]
L’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes a suivi la même tendance que celle de la population générale au Ghana. L’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide chez les enfants de moins de cinq ans est passée de 22 % en 2006 à 54 % en 2019, tandis que l’utilisation chez les femmes enceintes est passée de 20 % en 2008 à 49 % en 2019. [1]
La stratégie du Ghana en matière de prévention médicamenteuse prévoit à la fois un traitement préventif intermittent pendant la grossesse (TPIg) à l’échelle nationale pour la prévention du paludisme pendant la grossesse et la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) consistant en l’administration de SPAQ aux enfants de moins de cinq ans.
Le Ghana a atteint le taux le plus élevé de deux doses de traitement préventif intermittent administrées pendant la grossesse (TPIg2) pour les femmes enceintes en Afrique subsaharienne : 78 % en 2016 et 80,2 % en 2019 [2,6]. Le pourcentage de femmes enceintes ayant reçu la troisième dose de TPIg (TPIg3) est également passé de 39 % à 60 % entre 2014 et 2016, et à 61 % en 2019. [6]
Du fait de l’impact positif de la CPS sur le paludisme grave (efficacité de protection de 48 % dans la région du Haut Ghana occidental), le programme a été étendu à la région du Haut Ghana oriental et à 23 districts supplémentaires dans le nord du pays en 2019. [1] En 2021, le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) étendra la CPS à la région d’Oti afin de couvrir l’ensemble des régions éligibles à la CPS du Ghana [3].
Prise en charge des cas dans les établissements
Les Lignes directrices pour la prise en charge des cas de paludisme au Ghana (mars 2020) décrivent l’approche globale pour le diagnostic et le traitement du paludisme au Ghana. [1]
Le paludisme y est diagnostiqué et pris en charge à quatre niveaux du système de santé : [1]
- Niveau communautaire : ménages, vendeurs de produits chimiques agréés, agents communautaires et bénévoles
- Niveau des établissements de santé primaires : complexes CHPS (Services et planification sanitaires communautaires), centres de santé, cliniques et pharmacies privées, polycliniques et institutions similaires
- Niveau des établissements de santé secondaires : hôpitaux de district
- Niveau des établissements de santé tertiaires : hôpitaux régionaux et hôpitaux universitaires
En cas de paludisme grave, le traitement parentéral – médicaments intraveineux (IV) ou intramusculaires (IM) – ou par artésunate rectal doit commencer rapidement, et les cas de paludisme grave doivent être transférés immédiatement vers un hôpital après une prise en charge pré-transfert. [1]
Les éléments suivants sont inclus dans la prise en charge pré-transfert : artésunate IM, artéméther IM ou quinine IM. L’artésunate rectal peut être administré aux enfants de moins de six ans. En milieu hospitalier, l’ordre de préférence du traitement est le suivant : artésunate IV/IM, artéméther IM et quinine IV/IM. [1]
Les données des sites sur l’efficacité des médicaments en 2019 indiquent que les antipaludiques recommandés en première intention continuent d’être efficaces. [7]
Services et planification sanitaires communautaires (CHPS) et prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire (iCCM)
Le programme de Services et planification sanitaires communautaires (CHPS) est financé par le gouvernement ghanéen, avec le soutien du Fonds mondial pour les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) et les tests de diagnostic rapide (TDR). [7] Les services offerts comprennent des visites à domicile, des services intégrés de proximité pour la promotion de la croissance, la vaccination, le planning familial, un système de surveillance et de réponse communautaire pour les maladies et des durbars communautaires (rassemblements publics). [7]
Le gouvernement prévoit d’étendre la couverture afin de la faire passer de 4 400 zones opérationnelles du CHPS à 6 548 d’ici à 2020 (analyse DHIMS).[4]
La stratégie CHPS repose notamment sur le fait que les chefs communautaires traditionnels doivent accepter le concept et s’engager à l’appuyer. Le traitement du paludisme est prévu dans les Services et la planification sanitaires communautaires. Les services fournis par les organismes CHPS accrédités sont gratuits pour ceux qui détiennent une carte d’assurance nationale active. [6]
Les agents de santé communautaire (ASC), qui sont sélectionnés par la communauté [4], mettent en œuvre le modèle de prise en charge intégrée des cas au niveau communautaire (iCCM) du Ghana en effectuant des visites à domicile dans leur zone de desserte. [7]
Financement de la santé
En 2017, moins de 25 % des dépenses de santé du pays provenaient de ressources nationales.[5] Conformément à sa vision « Ghana Beyond Aid », le gouvernement a pour objectif de se procurer tous les instruments de lutte contre le paludisme au moyen d’un financement local.[1] Il prévoit également de se procurer tous ses ACT sans financement international (soutien des donateurs) à compter de 2020.[2] [1]
Le gouvernement s’est également engagé à assurer une couverture de santé universelle en adoptant une loi visant à établir le régime national d’assurance maladie (NHIS) fin 2003.[5] En 2017, le NHIS couvrait 45 % de la population ghanéenne. Tous les services et médicaments nécessaires à la lutte contre le paludisme sont couverts gratuitement pour les membres du NHIS.[1]
Politiques et pratiques liées au paludisme grave
Recommandationa | Traitements |
---|---|
Forte | Artésunate IV |
Alternative | Artéméther IM |
Alternative | Quinine IV |
Recommandations | Pré-transfert |
---|---|
Forte | Artésunate rectal |
Alternative | Artésunate IM |
Alternative | Quinine IM |
Alternative | Artéméther IM |
Recommandations pendant la grossesse | |
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Trimestre | Traitement |
Premier | Quinine IV ou IM lente |
Alternative pour le premier trimestre | Artésunate IV ou IM |
Alternative pour le premier trimestre | Artésunate IV ou IM |
*Premier trimestre : Éviter tout retard de traitement ; si seulement un des médicaments artésunate, artéméther ou quinine est disponible, initier le traitement immédiatement.
Besoins en produits pour lutter contre le paludisme grave
Besoins totaux en injection d’artésunate : prévisions
- 2021 – 849 604 flacons
- 2022 – 859 715 flacons
Besoins en suppositoires d’artésunate (ARC) (100 mg)
- 2021 – 16 797
- 2022 – 16 997