L’histoire d’Amos
Artésunate rectal à Nchelenge, Zambie
Dans le district de Nchelenge en Zambie, l’arrivée de la saison des pluies est accueillie comme un bienfait mais les habitants savent aussi que l’eau crée des conditions propices à la reproduction des moustiques porteurs du paludisme. « Ici, l’eau est porteuse de vie et de mort, » dit un agent de santé communautaire.
Amos est un jeune garçon atteint de paludisme, arrivé dans un état grave à l'Hôpital St Paul du district de Nchelenge. Le père d’Amos avait marché pendant une heure en portant son fils sur son dos depuis leur village de Mulumba.
Certaines familles n'ont pas cette chance. Pour les communautés les plus éloignées, le moto-taxi est le seul moyen de parcourir les 35 km qui les séparent de l'Hôpital St Paul, mais le voyage coûte 50 Kwacha, soit environ 10 % du revenu mensuel moyen d'un ménage. Pour ces familles, l’hôpital peut être hors de portée par manque de moyens de transport, à cause d'inondations (en particulier pendant la saison des pluies), par manque d’infrastructures et de services, ou à cause de problèmes de sécurité ou de coûts.
La mère d'Amos, Béatrice Mutobola, ne compte plus le nombre de fois où le paludisme a touché sa famille. Chaque année, pendant plusieurs jours, elle ou son mari ont dû abandonner leur exploitation agricole et leurs activités génératrices de revenus pour se rendre à l'Hôpital St Paul avec un de leurs enfants récemment infecté.
Béatrice raconte sa dernière expérience. « Le voyage a été beaucoup moins compliqué que d'habitude, » dit-elle. « Amos était très faible et ne mangeait plus. L'agent de santé communautaire lui a donc administré un médicament par voie rectale, ce qui a amélioré son état avant notre départ pour l'hôpital. »
Amos avait reçu un suppositoire d'artésunate rectal, une intervention utilisée avant le transfert pour permettre aux patients vivant dans des zones rurales éloignées d'atteindre le centre de soins de santé de niveau supérieur et y recevoir un traitement intraveineux et des soins de suivi.
À son arrivée à l'Hôpital St. Paul, Amos a reçu l'artésunate par injection intraveineuse et des combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine par voie orale pour combattre l'infection.
Amos est maintenant de retour chez lui et il joue près de la maison. Les silhouettes des enfants qui dansent brisent la lumière du soir qui se reflète dans l'eau stagnante des canaux d'irrigation. Heureusement, aujourd’hui, il y a plus de vie que de mort autour de l'eau.